l'éloge du monde, 2ème épisode: le détroit de Gibraltar
Nous avons tous en nous, secrètement, des noms de lieux chargés de mystère et de rêve (Valparaiso, Tombouctou, Irkoutsk, Bagdad, Saigon...). La liste n'est pas exaustive ... je compte sur vous ! Depuis mes premières lectures et mon premier atlas, Gibraltar en fait partie...
Malaga - 25 février, kms 2 101.
Le carnet de bord de ce voyage (que je recherche fiévreusement depuis que j'ai entrepris le début de ce récit- heureusement retrouvé ce matin) me rappelle que nous avons essuyé depuis notre départ de Fontevraud une panne sèche de gasoil en rase campagne du côté d'Albi (négligence), une panne de batterie après Barcelone (fatalitas) et la crevaison d'un pneu de caravane à la hauteur de Valencia. J'avais oublié, mais c'est un bon début. Ce matin, nous quittons Malaga par temps nuageux (13°) pour rejoindre Algeciras. Magie des ports, des bateaux, des porte-containers, du désordre des foules impatientes et dissipées. Nous embarquons dans la cohue qui précède chaque départ de ferry. Si la traversée ne prend qu'une heure (compensée par le décalage horaire), l'embarquement est interminable. Deux ou trois heures avant le départ, de longs cortèges de voitures, de camions, de camionnettes se forment, rythmées par les sifflements des hommes de quai en gilets fluorescents. Pour faire passer le temps, d'une voiture à l'autre, on échange quelques mots sur nos destinations respectives, des chips, des sourires, des dattes, des soupirs, des cigarettes. Les autorités espagnoles ne sont pas regardantes, pas de douane ni de contrôle ici, pourvu qu'on soit muni d'un billet et d'un passeport. Une fois la caravane et le 4x4 dans la soute, depuis le pont du ferry, c'est un régal que d'observer l’agitation qui précède l’appareillage. Ainsi cette séquence amusante que nous offre un retardaire et que je ne peux m'empêcher de (re) publier, sans autre commentaire … ! Ce jour-là, c'est ma 3ème traversée vers l'Afrique mais l'émotion est intacte. Je sais que c'est véritablement là, dans le détroit de Gibraltar, que le voyage commence à exister, comme si, la traversée du miroir ... ?