C'est un privilège d'arriver à Bamako par la route. D'abord parce si on vient du nord on a eu le temps de s'acclimater progressivement à la température qui sera donc supportable (mars et avril sont les deux mois les plus chauds, 38 ° de moyenne) ensuite parce qu'en ayant traversé les villages de brousse, on comprend peut-être mieux cette ville qui compte plus de 2 millions d'habitants et probablement quelques centaines de milliers d'âmes qui ont échappé au recensement ou sont en transit ... Avant de traîner au hasard des rues étouffantes mais ô combien sympathiques de Bamako, je vous propose un petit détour dans les villages de brousse où nous nous soulagerons de quelques paquets de vêtements donnés par l'association suisse, de ballons et d'un vélo.
Bivouac dans une auberge de Kiffa. De l'autre côté du poste frontière de Gogui, c'est une nouvelle traversée du miroir qui nous attend. Les boubous élégants et les ports altiers des femmes (même chargées) ont remplacé les foulards et les djellabahs. Les fruits, les légumes abondent sur le marché de Nioro où nous nous gavons de mangues. Enfin, il y a les maquis (troquets) où on joue aux dames à l'ombre et où on peut déguster une bière légère, quasi fraîche ! 500 kms par le goudron et parfois par la piste, nous séparent encore de Bamako. Nous y rencontrons des feux de brousse et les paysages désolés qui s'en suivent. Malgré les campagnes de prévention, le brûlage des terres se pratique encore, de même que la production sauvage de charbon de bois utilisé pour la cuisson. C'est très impressionnant à voir et complètement incontrôlable puisqu'il n'y a pas d'eau pour arrêter la progression. Les effets sont dévastateurs: des gens sont pris au piège du feu qui détruit les racines des arbres et condamne nombre d'espèces de plantes, mammifères, oiseaux, insectes. C'est évidemment la pauvreté la principale cause de cette destruction, la plupart des familles n'ayant pas les moyens d'acheter du gaz pour cuire, il existe un véritable marché du charbon de bois dans les villes. Nous resterons trois jours à Bamako, prenant pension à l'Auberge Djamilla bien connue des routards pour son accueil et ses couchettes tendues de moustiquaires où on dort par dessus les toits ! Un mot encore d'une photo où l'on voit des hommes battre des tissus. Scène magique, presque cérémoniale: dans une halle obscure, assis au sol, les artisans battent les tissus en rythme, s'arrêtent et reprennent, toujours en même temps, parfois avec de sourdes mélopées. On traite ici le wax importé de Hollande qui, enduit de paraffine, donne au tissu souplesse et tenue, son aspect luisant, son imperméabilité et aussi son coût... relativement élevé !